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Événement le 18/05/2013 : Rencontre autour des représentations de la Commune de Paris

Un Théâtre de façade subversif et engagé : désordre de l’Histoire et faux retour à l’ordre chez Georges Darien

le par Thanh-Vân Ton-That

Résumé

Le drame de Darien intitulé L’Ami de l’ordre (1898) présente les métamorphoses de l’Histoire : le passage de la chose vue et de l’Histoire officielle à la scène, avec des procédés de concentration et de sélection symbolique, offrant une vision complexe et nuancée dans l'opposition entre les défenseurs et les détracteurs de la Commune.

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Georges Darien (1862-1921), écrivain anarchiste connu, entre autres, pour ses romans Bas les cœurs ! (1889) et Le Voleur (1897) récemment réédités, a été marqué par la Commune de Paris qui lui a inspiré une courte pièce de théâtre intitulée L’Ami de l’ordre Les pages des citations renverront à l’édition originale : Georges Darien, L’Ami de l’ordre, P.-V. Stock, Paris, 1898. Le choix de l’éditeur notoirement engagé dans l’affaire Dreyfus est à cet égard révélateur. Rééditions : Ravin Bleu, Paris, 1993 et dans l’anthologie de Johnny Ebstein – Philippe Ivernel – Monique Surel-Tupin – Sylvie Thomas, Au temps de l’anarchie, un théâtre de combat, 1880-1914, tome II, Séguier/Archimbaud, Paris, 2001., créée à Paris au Théâtre du Grand-Guignol le 4 octobre 1898. Lui qui, lors des événements, par son âge est plus proche de L’Enfant que de L’Insurgé de Vallès Auquel il est probablement fait allusion : « Tenez, je lisais leurs journaux, quelquefois ; des ordures ! […] Ah ! Ils s’en servent joliment, de l’instruction qu’on leur a donnée !… » (p. 18)., ose écrire sur un sujet resté longtemps délicat, même après l’amnistie des communards proclamée en 1880. On sait qu’en 1876 Léon Cladel a été condamné ainsi que le journal L’Événement pour sa nouvelle « Trois fois maudite » L. Cladel, « Trois fois maudite », Petits Cahiers, Monnier & Cie, Paris, 1885. Évoque la destinée d’une femme de communard tombée dans la misère. car dans ce concert de réprobations, rares sont ceux qui comme Jules Vallès ou Louise Michel osent prendre le parti des vaincus. Il est vrai qu’en 1898, les esprits sont plus occupés par l’affaire Dreyfus que hantés par les fantômes de 1871.
Nous nous intéresserons aux métamorphoses des acteurs de l’Histoire devenus, dans la pièce, personnages emblématiques, puis aux choix esthétiques avant de montrer que ce drame en un acte dans la veine naturaliste du théâtre d’idéesIllustré par Eugène Brieux, François de Curel, Émile Fabre qui offrent des visions sans concession de la société contemporaine. révèle les prises de position audacieuses de l’auteur et surtout une vision plus nuancée dans l’opposition entre les défenseurs et les détracteurs de la Commune, par rapport aux discours souvent anticommunards Voir Paul Lidsky, Les Écrivains contre la Commune [1970], La Découverte, Paris, 2010. Sand et Zola se montrent de manière inattendue particulièrement virulents. de l’époque.

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