Les Représentations de la Commune au travers de la caricature communarde (1871)
le par Jean-Louis Robert
Résumé
Cet article, issu d’une communication à l’Université de Caen, donne à voir et comprendre des représentations de la Commune, au sens le plus restreint de l’image, par la caricature, et je tenterai, en conclusion, de confronter le système de représentations dégagé avec les pratiques communardes, avec la Commune en action. Les caricatures étudiées ici ont [...]
Cet article, issu d’une communication à l’Université de Caen, donne à voir et comprendre des représentations de la Commune, au sens le plus restreint de l’image, par la caricature, et je tenterai, en conclusion, de confronter le système de représentations dégagé avec les pratiques communardes, avec la Commune en action.
Les caricatures étudiées ici ont quelques caractéristiques qu’il convient d’exposer. D’abord je ne me suis intéressé qu’aux caricatures produites pendant la Commune (du 18 mars au 21 mai, car il y a très peu de caricatures communardes pendant la Semaine sanglante). Quelques caricatures antérieures au 18 mars sont aussi analysées comme un rappel des événements antérieurs (l’Empire, le siège, la capitulation…). Bien entendu, il serait intéressant de voir si le système de représentations des caricatures de la période de la Commune se retrouve, se prolonge, ou comment il se modifie dans les représentations mémorielles de la Commune.
Ensuite, nous ne nous préoccupons que des caricatures pro-communardes ; il existe aussi de très nombreuses caricatures anti-communardes ou versaillaises pendant la Commune, mais ce n’est pas notre objet ici.
Il faut aussi rappeler qu’en un temps où la photographie est encore absente de la presse, il y a abondance de dessins d’actualité dans celle-ci. Ces dessins mériteraient aussi une étude. Mais dans cette période d’extrême tension politique qu’est la Commune, la caricature joue un rôle clé. Plus généralement, Bertrand Tillier, dans ses travaux, a bien montré déjà comment les progrès techniques et la progressive liberté de la presse avaient entraîné un essor, à compter de la fin du Second Empire, du genre. Il existe alors à Paris quatre-vingts à cent dessinateurs qui font parfois ou souvent des caricatures. Un très grand nombre a été favorable à la Commune, comme Gill, Pilotell… Ils publient dans deux types de support : soit des journaux dont le tirage est très important pendant la Commune et où des caricatures sont présentes comme Le Fils du Père Duchêne, Le Grelot (Le Cri du peuple de Vallès ne donne, lui, aucune caricature) ; soit dans des petites feuilles quotidiennes d’Actualités qui ne sont composées que de caricatures, vendues quelques sous et dont on ignore le tirage.
Dans cette étude, je n’insisterai pas sur ce qu’on pourrait appeler le vocabulaire de l’image (par exemple, le riche bestiaire…).
Enfin, le corpus est composé de cent cinquante dessins venant des grands fonds de caricatures (BHVP, Carnavalet, BNF, Heidelberg, Feltrinelli, Amis de la Commune de Paris…). Sans doute n’est-il pas exhaustif, mais très largement suffisant pour dégager les principaux traits.
Pour la commodité de l’exposé, nous avons classé les caricatures en deux groupes. La caricature est volontiers critique et dénonciatrice. D’où l’importance du premier groupe qui définit une image de la Commune en creux en se définissant CONTRE. Le second groupe présente des caricatures positives, héroïsantes de la Commune qui se veulent d’abord mobilisatrices en ce temps de guerre civile. Il arrive aussi que la dénonciation des ennemis et la caricature favorable à la Commune se retrouvent sur une même image dans un face à face, comme celui très fréquent de Thiers face à la Marianne rouge.