Les Représentations de la Commune au travers de la caricature communarde (1871)
le par Jean-Louis Robert
II – POUR
La Commune, c’est bien sûr pour nos communards l’avenir, l’horizon, le soleil qui se lève. Nous n’y reviendrons pas pour insister sur des traits plus politiques ou sociaux.
Le Rouge
La Commune c’est d’abord la défense de la République et des droits du peuple. D’où la surabondance des Marianne dans ses représentations. Mais pas de n’importe quelle Marianne : c’est la Marianne rouge, la République rouge que les dessinateurs mettent en avant. Le rouge est la couleur fondamentale de la caricature pro-communarde. Non seulement, et normalement, le bonnet phrygien est rouge mais les drapeaux (innombrables), le pantalon, la rose, la robe, la cape, la chemise (des garibaldistes parfois), l’écharpe (des élus parfois) sont rouges (doc. 9).
Le rouge suffit ainsi parfois pour auto-définir la Commune. Quel sens prend-il ? La couleur est associée depuis le début des années 1830 à deux dimensions. D’abord à l’image d’une révolution radicale, populaire qui ne serait pas confisquée. Ensuite à l’image d’une république qui serait prolétaire, sociale, sinon socialiste ou communiste encore.
On pourra noter la complexité du rapport du rouge au drapeau tricolore. Il est rare que celui-ci soit représenté comme l’ennemi (doc. 10) car les communards ont un sens du patriotisme aigu, même s’ils sont fédéralistes. On voit ainsi sur une caricature la Marianne rouge associée au drapeau tricolore contre Versailles et les Prussiens. C’est la Semaine sanglante, avec l’arrivée de l’armée versaillaise et de ses drapeaux tricolores, qui va creuser le fossé.
Une Révolution parisienne
L’imagerie révolutionnaire de la Commune en lutte armée est aussi très abondante, privilégiant la représentation d’une révolution qui se défend : pavés, barricades, canons, fusils, épées sont omniprésents.
Les images sociales des défenseurs de la Commune et de la Marianne rouge sont assez rares, bien moins nombreuses que celles de ses adversaires. On peine à construire une vraie image sinon par un peuple abstrait. Les gardes nationaux ou la classique figure du Gavroche (doc. 11) sont présents. Quant aux personnes elles sont rarissimes, tant la Commune se refuse à la personnalisation. Thiers signifiait Versailles. Rien de pareil côté Commune. Seul Courbet est fortement représenté, mais en grande partie à cause de l’épisode, qui se prête à une riche caricature, de la chute de la colonne Vendôme dont il sera injustement accusé (doc. 12).
Au fond c’est sans doute Paris qui serait le signe le plus fort de la Commune, signe de sa force, de son rayonnement, capitale de la liberté de la République (doc. 13).
Un Paris d’où ne se dégage que Montmartre, lieu de la résistance première.
Quelle révolution ?
Si l’on met à part la République et la symbolique du rouge, on est frappé de la rareté dans ces caricatures d’un sens donné à la Commune. La justice apparaît parfois, mais d’abord au sens de la justice exigée contre les traîtres (doc. 14), les corrompus, les curés, les royalistes, sur un modèle qui rappelle la Grande Révolution, bien que de manière bien moins intense. La justice sociale n’est que rarement mise en avant. La Commune comme équivalent du prolétaire, du travailleur est aussi rare. En voici un des peu fréquents exemples (doc. 15).