Un Théâtre de façade subversif et engagé : désordre de l’Histoire et faux retour à l’ordre chez Georges Darien
le par Thanh-Vân Ton-That
La transposition des événements racontés par différents personnages emblématiques (l’homme d’Église, l’aristocrate, le bourgeois, la femme du peuple) dans un huis-clos qui rejette la Commune dans un ailleurs, un « hors-champ » et un « hors-temps » plus déréalisants que l’utopie révolutionnaire, révèle l’importance de l’espace entre enfermement et menace de l’extérieur. Les personnages historiques pourtant présents (Varlin, Darboy) cèdent la place aux personnages fictifs, secondaires, héros obscurs et méconnus. Il convient de s’interroger sur le sens que prend un spectacle sur la Commune créé presque trente ans après les événements. Les querelles sont loin d’être apaisées, les esprits ne sont pas encore désenchantés, comme le sera Lucien Descaves Dans Philémon, vieux de la vieille (1913). et l’on se demande ce qu’il reste des combats, des idéaux, des fantasmes, des phobies de naguère. Le réalisme historique est dépassé par la mise en place de stéréotypes, de clichés si bien que l’actualité est revisitée grâce à la portée allégorique d’une pièce pourtant de circonstance. Georges Darien semble renoncer au manichéisme du conformisme ambiant ou de l’engagement aveugle pour proposer un message humaniste et une vision qui se veut plus objective, par-delà les conflits idéologiques encore sensibles en cette fin de siècle.
Thanh-Vân Ton-That
Bibliographie
Cladel Léon, « Revanche », dans Les Va-nu-pieds, Lemerre, Paris, 1873 et I.N.R.I., G. Valois, Paris, 1931
Darien Georges, L’Ami de l’ordre, P.-V. Stock, Paris, 1898
Lidsky Paul, Les Écrivains contre la Commune [1970], La Découverte, Paris, 2010
Lissagaray Prosper-Olivier, Histoire de la Commune de 1871, La Découverte, coll. « La Découverte / Poche », Paris, 2004
Thomas Édith, Les Pétroleuses, Gallimard, Paris, 1963