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Événement le 18/05/2013 : Rencontre autour des représentations de la Commune de Paris

Notre Commune – La mémoire en place publique

le par Les Lorialets

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… Et les choses !
La gravité de notre sujet ne devait à aucun moment éclipser toutes les envies que nous voulions rassembler pour cette première création.
Envies de jeu évidemment, de personnages très forts, avançant au bord de la caricature sans tomber dedans. Le masque est venu tout de suite comme un tremplin nous permettant d’accéder aux fantômes de cette histoire, ouvrant les portes de l’imaginaire, nous offrant la liberté d’aller loin dans la tragédie de ces personnages, sans glisser dans un affect réaliste. Il s’est transformé jusqu’à se fondre, devenir postiche et maquillage.

Envies techniques ensuite, puisque nous sommes gourmands et curieux de machines et de machineries, autant des techniques traditionnelles du théâtre avec ses poulies, ses guindes, ses nœuds de marins et ses contrebalancées… que des outils logiciels les plus modernes nous offrant une foule de nouvelles possibilités. L’une d’elles étant l’utilisation d’un vieux boîtier de régie lumière détourné pour en faire la console de régie, les deux comédiens assurant eux-mêmes à vue, durant le spectacle, l’envoi des sons. Les artifices, les déploiements surprenants, les morceaux de décors arrachés, les coups de manivelles révélant un élément phare, sont autant de supports au jeu, autant d’accessoires indispensables à la magie enfantine qui nous anime et nous fait rêver.
Il faut dire aussi que, nos moyens étant évidemment limités, nous sommes grands adeptes de la récupération et de la transformation, et de cet art majeur de la débrouille qu’est la bidouille !

Envies de décors impressionnants…
Nous rêvions d’une structure roulante qui serait un genre de char de carnaval déambulant pour arriver dans les villes et villages et repartant après avoir déployé une foule de surprises. Après avoir planché pendant six mois, démonté pièce par pièce trois Mercedes et deux caravanes, pour les ré-assembler ensuite durant quatre mois en une paire d’objets roulants non identifiés et tout à fait insolites, Max Bourges, inventeur, acrobate, cascadeur, ancien d’Archaos et constructeur de machines de rêve, donne vie à Louise, notre remorque-plateau-décor et à Michel son petit mais très costaud tracteur urbain.

La Fontaine de l’éléphant, projet d’Alavoine (vers 1813-1814)

Très vite après les premières répétitions, Caroline évoque ce gigantesque éléphant de plâtre et de bois de vingt-quatre mètres de haut, érigé sur la place de la Bastille. Victor Hugo situe, dans ses flancs, la misérable résidence de Gavroche. Très vite pour nous aussi, c’est là que demeureront nos deux personnages, ces frangins de l’héroïque gamin de Paris. Jusqu’à la destruction quasi totale de l’animal fantastique, puisque l’un des pieds de l’éléphant, sauvé de la ruine par nos personnages, abrite toujours leur errance…

Comment dire ? Comment taire ?
Vous vous dites peut-être que de beaux décors, des accessoires étonnants, c’est bien, mais deux comédiens pour dire une révolution, c’est un peu léger ? Et vous aurez raison, nous nous sommes aussi posé la question. Voilà comment nous y avons répondu. Par deux chemins, pourrions-nous dire. Tout d’abord, celui de la parole. La parole, comme la lecture, garde cette puissance sur l’image : « elle féconde l’imaginaire, l’ouvre et permet à chacun des auditeurs de se faire son film ». Elle a besoin pour s’épanouir d’être presque jetée, que l’acteur la laisse jaillir de lui pour l’offrir brute aux spectateurs. L’autre chemin que nous empruntons est celui du personnage de papier, de cartons, de résine, de chiffons. Les marionnettes sont alors autant de complices, autant d’acteurs du spectacle qui, grâce au petit moteur humain du manipulateur, racontent et rejouent cette histoire. Elles sont les partenaires incontournables des acteurs qui doivent pouvoir s’effacer et se mettre à leur service.
En cherchant à émouvoir, l’acteur, sans le vouloir, est souvent un frein à l’émotion du spectateur. Par le masque comme par la marionnette, la distanciation existe d’elle-même, permettant souvent au spectateur d’accéder plus facilement aux émotions des personnages et à l’histoire elle-même.

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