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Événement le 18/05/2013 : Rencontre autour des représentations de la Commune de Paris

Les Représentations de la Commune au travers de la caricature communarde (1871)

le par Jean-Louis Robert

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I – CONTRE

Thiers d’abord

Sans surprise, l’ennemi principal de la Commune, c’est Thiers. Les caricatures dénoncent sa personnalité, son passé monarchiste et son action à Versailles. Les caricatures insistent d’abord sur son attachement à la monarchie qu’il dissimule derrière une apparence républicaine.

(doc. 1)

Thiers « restaurateur » de la monarchie fabrique une mauvaise chaussure à la République (doc. 1).

On voit aussi Thiers servir la poire (symbole de Louis Philippe) couronnée aux républicains (doc. 2). On trouve des dizaines de caricatures qui tentent de montrer ainsi que Thiers est monarchiste, qu’il est « l’escamoteur » de la République, qu’il est un faux républicain. Les caricaturistes tentent alors d’instituer la Commune comme étant seule vraiment républicaine. Un combat essentiel pour gagner le soutien de la province.
Les caricatures rappellent aussi que Thiers fut le massacreur de la rue TransnonainLe 14 avril 1834, alors que Thiers est ministre de l’Intérieur, une insurrection éclate à Paris. Au 12 rue Transnonain, d’où serait parti un coup de feu, toute une famille, hommes, femmes et enfants sont massacrés par les soldats. Cet épisode dramatique a été immortalisé par Daumier., qu’il est un antipatriote, le « roi des capitulards » qui a voulu la paix à tout prix. Et qu’il a monté avec les Allemands un plan diabolique contre Paris.

(doc. 2)

Cette image d’un personnage monarchiste, autoritaire, sanglant, hypocrite et traître à sa patrie est accompagnée de toute une série de signes qui visent toutefois à affaiblir une image de force qui serait par trop démobilisatrice pour les communards. Ainsi Thiers est aussi toujours représenté comme petit, faible, vieux : c’est un petit coq sur ses ergots, c’est un crapaud…

Toute cette représentation de Thiers se retrouve dans l’image plus générale que les caricaturistes communards donnent de Versailles, Thiers étant le symbole premier des Versaillais. Versailles est ainsi également représenté comme monarchiste, traître à la France (doc. 3) et aussi bien faible par rapport à la puissance de la Révolution (doc. 4).

(doc. 3)

Toutefois, on pourra noter quelques autres aspects, rares dans la critique de Thiers, comme la dénonciation des ruraux, de la corruption, du cléricalisme.

(doc. 4)

Les Ennemis de la Commune

Il faut alors faire un sort à l’importance de la figure cléricale dans les ennemis de la Commune. Après Thiers, les curés ou les moines sont les plus nombreux à être caricaturés (doc. 5). Et les caricatures sont très violentes ; on y retrouve les traits classiques de la dénonciation anticléricale mais avec des éléments d’exacerbation. Ainsi la caricature insiste sur la lubricité prêtée aux curés en mettant en avant des affaires terribles de viol, de pédophilie voire d’assassinat (allusion à la pseudo affaire de l’église Saint-Laurent où la découverte d’ossements suscite une vive campagne contre les curés de la paroissePlusieurs affiches, disponibles à la Bibliothèque historique de la Ville de Paris, évoquent cette campagne orchestrée par certains communards du 10e arrondissement.) (doc. 6).

Les curés ou moines sont aussi présentés comme des mondains, des affairistes, des voleurs, des traîtres en puissance. On trouve rarement la dénonciation, fréquente dans les écrits, du curé bourreur de crâne clérical. Peut-être se prête-t-elle moins au dessin ?

(doc. 5)


(doc. 6)

Une autre cible des caricaturistes est les officiers et surtout les généraux versaillais (en particulier Vinoy (doc. 7)). Avant la Commune ils étaient surtout dénoncés pour la médiocrité de leur action pendant la guerre avec la Prusse. Pendant la Commune, c’est surtout leur potentiel sanglant et répressif qui est mis en avant.

(doc. 7)

Dernier ennemi notable de la Commune pour les caricaturistes, mais, là, la charge est beaucoup moins violente, le bourgeois présenté au travers de la figure classique de M. Prudhomme, prudent et fuyant Paris. C’est le propriétaire qui subit les foudres les plus vives en ce temps où la lutte sur la question des loyers et du logement est vive (doc. 8).

(doc. 8)

Par contre, il faut noter que le patron, l’industriel, l’exploiteur capitaliste ne font jamais, ou presque, figure sociale représentée.

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