Quatre pièces sur la Commune chez P.-J. Oswald (1971-1974)
le par Marjorie Gaudemer
Résumé
Pierre-Jean Oswald (1931-2000), de la trempe du fameux François Maspero, s’est lancé dans l’édition au début des années 1950, et, comme découvreur, installé à Honfleur puis Paris, s’est échiné à « faire paraître des œuvres littérairement et politiquement minoritaires »P.-J. Oswald, dans « Hélène et Pierre-Jean Oswald : « Aujourd’hui Sartre débutant ne trouverait pas d’éditeur » [...]
Pierre-Jean Oswald (1931-2000), de la trempe du fameux François Maspero, s’est lancé dans l’édition au début des années 1950, et, comme découvreur, installé à Honfleur puis Paris, s’est échiné à « faire paraître des œuvres littérairement et politiquement minoritaires »P.-J. Oswald, dans « Hélène et Pierre-Jean Oswald : « Aujourd’hui Sartre débutant ne trouverait pas d’éditeur » », L’Unité, n°228, 03/12/1976, p. 26.
Son genre de prédilection était alors visiblement la poésie – il publia, dès 1957, « les poètes de la Révolution algérienne » –, mais cet « éditeur militant »« Un Éditeur militant », Action poétique, n°162 à 165, 2001, p. 2 de gauche consacra une place au roman sans négliger le théâtre : la série « Théâtre en France » et la collection « Théâtre africain » comptent, entre 1968 et 1976, près de cent pièces. Des textes du théâtre militant, renaissant sous l’onde de choc produite par le mois de Mai et en effervescence révolutionnaire au début des années 1970Voir O. Neveux, Théâtres en lutte – Le Théâtre militant en France des années 1960 à aujourd’hui, La Découverte, Paris, 2007, et, plus précisément, Esthétiques et dramaturgies du théâtre militant – L’Exemple du théâtre militant en France de 1966 à 1979, thèse de doctorat d’études théâtrales, Université Paris 10 – Nanterre, 2003., trouvent évidemment un asile chez PJO, qui devient l’éditeur attitré d’André Benedetto, l’éditeur également d’autres auteurs plus ou moins connus, tels que Jacques Kraemer, Jean-Pierre Bisson, Charlotte Delbo, Maurice Regnaut.
Dans le catalogue des pièces, les luttes contemporaines sont abordées, mais aussi des épisodes antérieurs du mouvement social. Parmi ceux-ci, la Commune de Paris, qui a retenu l’attention de l’époque par sa politique culturelleVoir Darko Suvin, « Commune de Paris. La Loi sur le théâtre ou la médiation organisationnelle », Travail théâtral, n°2, 01-03/1971, p. 67-83. C’est en 1967 que fut créé, à Aubervilliers, le Théâtre de la Commune, une troupe dont le nom fut adopté en hommage aux communards et à leur œuvre dans le domaine artistique. et, surtout, en tant qu’évènement politique fondateur. Ainsi, dans la série « Théâtre en France », entre 1971 et 1974, P.-.J. Oswald fit imprimer au moins quatre pièces sur la Commune de Paris : Commune de Paris d’André Benedetto (1971), Place Thiers, chronique des temps de la Commune de Paris vus de province d’Yvon Birster (1971), Lycée Thiers, maternelle Jules Ferry de Xavier Pommeret (1973) et Le Printemps de la Sociale d’André Fontaine (1974).
Très peu connues, ces pièces, écrites autour du centenaire de la Commune de ParisD’autres pièces furent montées à l’époque sur la Commune de Paris, d’après ce témoignage du critique Georges Baelde : « J’ai vu cette année [1971] une dizaine de spectacles sur la Commune. » (Centre Presse, 1971)., ne furent pas toutes jouées. Pourtant, elles s’avèrent d’une qualité dramaturgique et d’un intérêt intellectuel indéniables. Il nous a donc semblé nécessaire de leur accorder une place dans ce dossier, et cette fenêtre ouverte sur le répertoire dramatique dont il a assuré la transmission est l’occasion de rendre hommage à Pierre-Jean Oswald qui, acculé à la faillite, suspendit son activité vers 1976-1977, avant de la reprendre avec les Nouvelles éditions Oswald (Néo), spécialisées dans la littérature populaire, notamment le roman fantastique et le polar.
Marjorie Gaudemer