Quand le cinéma s’empare d’un évènement révolutionnaire pour discuter la question de l’engagement – La Commune (Paris, 1871) de Peter Watkins
le par Émilie Chehilita
Il est impossible de résumer un tel film-fleuve où s’intriquent autant de détails et de situations complexes. On aurait pu consacrer un article entier aux seules interventions de la télévision versaillaise et à la subtilité de ses omissions. On aurait pu détailler de manière concrète les mesures préconisées par l’Union des femmes : l’organisation en coopératives, l’importance de la formation afin de sortir des métiers auxquels on confine les femmes, etc. On aurait pu fouiller les questions du travail et du temps libre, du temps pour penser, l’impératif de penser l’identité en dehors du travail. J’ai choisi néanmoins de me concentrer sur le point de vue politique que propose le film sur la Commune, le militantisme et l’engagement.
L’ensemble est une foisonnante expérience in vitro ; chaque participant est un cobaye pour l’étude du déroulement d’une révolution, mais des cobayes qui ont réussi à s’émanciper du dispositif rigide qu’avait mis en place Peter Watkins. C’est pourquoi l’expression qui semble la plus juste pour qualifier ce travail n’est autre que celle qu’ont choisi ses acteurs : une « fiction vraie »Texte de l’association Rebonds pour La Commune (Paris, 1871) : « […] Tout film de Peter Watkins est un événement. Quand il s’attaque à un moment mythique de l’histoire de la France et du monde, la Commune (Paris 1871), Peter Watkins s’insurge, dérange, bouscule. Pour créer une œuvre cinématographique hors norme, un documentaire en costumes, une fiction vraie. Et si le récit s’appuie sur une recherche historique approfondie, c’est pour mener une réflexion sur le présent. […] » (site Internet Rebond, consulté le 30 décembre 2011).. On retrouve le principe d’ambiguïté cher au réalisateur et son goût à faire vaciller la notion d’authenticité. C’est bien de cette « mise en scène de la complexité de l’expérience de la liberté »E. BAROT, op.cit, p. 99 dont parle Emmanuel Barot qu’il s’agit.
Émilie Chehilita
Bibliographie
Emmanuel BAROT, Camera Politica, dialectique du réalisme dans le cinéma politique et militant (Groupes Medvedkine, Francesco Rosi, Peter Watkins), Vrin, Paris, 2009
Antoine DE BAECQUE, L’Histoire cinéma, Gallimard, Paris, 2008
Jean-Luc DEBRY, Pierre Pirotte ou le Destin d’un communard, Éditions CNT, région parisienne, Paris, 2005
Charlotte GARSON, « La Commune (Paris, 1871) », Cahiers du cinéma, n°629, décembre 2007, p. 32-34
Jean-Pierre JEANCOLAS, « Paris 1871-1999, La Commune vue par Peter Watkins », Positif, n°472, juin 2000, p. 28-30
Jacques ROUGERIE, Paris libre 1871, Seuil, Paris, 1971 pour la première édition, 2004 pour la présente édition
Peter WATKINS, Media Crisis, Homnisphères, Paris, 2003 pour la première édition française, 2007 pour la présente édition
Peter WATKINS, première version du scénario du film The Paris Commune, novembre 1998, ouvrage non publié
Peter WATKINS, Dir. photo : Odd GEIR SÄTHER, Déc : Patrice LE TURCQ, Son : Jean-François PRIESTER, Mont. : Peter WATKINS, Agathe BLUYSEN, Patrick WATKINS, La Commune (Paris, 1871), 13 Productions, La Sept/Arte, Musée d’Orsay, Institut national de l’audiovisuel, avec la participation du ministère des Affaires étrangères, du Conseil général de la Seine-Saint-Denis, de la Sofica Cofimage, de la Procirep et du CNC, 2000 pour la diffusion à la télévision française, Doriane films, 2003 pour la publication du DVD
Geoff BOWIE et Petra Valier, L’Horloge universelle, Office national du film du canada, Yves Bisaillon, 2001
Sitographie
Site du film La Commune (Paris, 1871)