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Événement le 18/05/2013 : Rencontre autour des représentations de la Commune de Paris

Incendies

le par theatres-politiques

Résumé

texte de Wajdi Mouawad mise en scène de Stanislas Nordey

"Simon, je t’appelle pour te dire que je pars vers le pays. Je vais essayer de retrouver ce père, et si je le trouve, s’il est encore en vie, je vais lui remettre l’enveloppe. Ce n’est pas pour elle, c’est pour moi. C’est pour toi. Pour la suite. Mais pour ça, c’est d’abord elle, c’est Maman qu’il faut retrouver, dans sa vie d’avant, dans celle que toutes ces années elle nous a cachée. Elle nous a rendus aveugles. Aujourd’hui j’ai peur de devenir folle. Je vais raccrocher, Simon. Je vais raccrocher et tomber tête première, tomber très loin de cette géométrie précise qui structurait ma vie. J’ai appris à écrire et à compter, à lire et à parler. Tout cela ne sert plus à rien. Le gouffre dans lequel je vais tomber, celui dans lequel je glisse déjà, c’est celui de son silence."

Le théâtre de Wajdi Mouawad est un théâtre de l’intime aux formes épiques, il brasse l’histoire avec un grand H et les histoires de vie d’êtres humains lancés malgré eux dans le tourbillon des haines, des guerres.
Les personnages sont en quête perpétuelle de leurs origines et ce n’est sans doute pas un hasard si l’homme qui écrit ces récits est né au Liban puis déplacé en France puis redéplacé au Québec où il écrit Incendies.
La guerre est en toile de fond de ces morceaux de vie contés ici. Une guerre comme tant d’autres qui ressemble à celles que nous voyons à travers le prisme des écrans de nos téléviseurs mais aussi une guerre immémoriale telle que pouvait la raconter Thucydide ou Xénophon.
Incendies suit le destin d’une femme, Nawal, prise dans les rets d’un conflit qu’elle n’a pas choisi et qui, pour retrouver son enfant disparu, va aller au bout de l’absurde horreur de ces déchirements sans fin qui rythment l’histoire du monde.
De 20 à 60 ans, de l’enfantement à la mort, elle tente de donner sens et d’accomplir ce geste de perpétuer la vie en dépit de tout et de tous.
Histoire de Nawal, certes, mais aussi histoire de ses enfants nés sous le feu et à la recherche de la vérité de cette mère qui leur a caché leur origine.
Personne ne ressort indemne de la vérité mise à jour mais l’espoir renaît car chacun peut alors regarder sa propre histoire dans les yeux. Sans voile. Sans filtre. A nu.
Du théâtre cru, joyeux, désespéré.

Stanislas Nordey

 

(source : le site du Théâtre des Quartiers d’Ivry)