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Événement le 18/05/2013 : Rencontre autour des représentations de la Commune de Paris

Foucault 71

le par theatres-politiques

Résumé

conception et mise en scène : Sabrina Baldassarra, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis, Lucie Nicolas

FOUCAULT 71 – feuilleton théâtral en 3 épisodes

Le collectif F71 réunit cinq comédiennes et metteurs en scène : Sabrina Baldassara, Stéphanie Farison, Emmanuelle Lafon, Sara Louis, Lucie Nicolas et Thérèse Coriou, directrice de production.
Il s’appuie sur l’œuvre et la figure du philosophe Michel Foucault pour construire un feuilleton théâtral en trois volets. Après Foucault 71, portant sur l’engagement militant en 1971 et La Prison, sur l’institution carcérale et les stratégies disciplinaires qui en découlent, le collectif F71 crée Qui suis-je maintenant? à partir du texte La vie des hommes infâmes.

 

Samedi 18 février – 16h
Premier épisode : Foucault 71

Foucault 71 : il donne à voir et à entendre une réflexion sur les différents modes d’interventions discursives dans l’espace public : l’émission radiophonique, la conférence de presse, la manifestation, la leçon, l’entretien… Le propos n’est pas de dire que les années 70 ne sont pas finies mais qu’il y a là quelque chose de précieux qu’il convient d’entendre, quelque chose qui est à la fois révolte, joie, résistance, désir.  Pour le dire autrement : Foucault 71 encourage.
Philippe Artières, historien

A partir de documents issus directement de l’œuvre de Foucault, ou périphériques (archives sonores, manuscrites, visuelles), le travail est axé sur des prises de paroles publiques. Puis ont été collectées d’autres paroles émanant d’acteurs de l’époque ou d’aujourd’hui. L’assemblage de ces matières dans le lieu du théâtre permet de passer de la petite histoire à la grande.

Foucault 71, à la manière d’une chronique, dresse un portrait du militantisme des intellectuels de l’après-mai 68 et nous donne l’occasion d’explorer nos propres questionnements aujourd’hui.  

Samedi 25 février – 16h
Deuxième épisode :? La Prison

La prison est le seul endroit où le pouvoir peut se  manifester à l’état nu dans ses dimensions les plus excessives, et se justifier comme pouvoir moral. (…) C’est ça qui est fascinant dans les prisons, que pour une fois le pouvoir ne se cache pas, qu’il ne se masque pas, qu’il se montre, comme tyrannie poussée dans les plus infimes détails, cyniquement lui-même .
Entretien de Michel Foucault avec Gilles Deleuze

À l’instar de Michel Foucault dans Surveiller et Punir, le collectif interroge la prison, en tant que bâtiment, en tant qu’institution carcérale, son fonctionnement, son rôle dans la société, en se plaçant non pas de l’intérieur de la prison, du point de vue du prisonnier, mais plutôt de l’extérieur. Comment questionner la prison en la replaçant dans un contexte historique, social ou géographique ?
Quelle est donc la fonction de la prison à la fois contestée et immobile depuis sa naissance ? Comment concentre-t-elle les rapports de pouvoir à l’œuvre dans notre quotidien ? Quels dispositifs, mis en œuvre dans l’instution carcérale, ont également cours à l’extérieur ?
Quels sont les individus dits “dangereux”, les populations “coupables” ?

Samedi 3 mars – 16h
Troisième épisode
  : Qui suis-je maintenant ?

Librement écrit à partir d’un texte de Foucault de 1977 : La vie des hommes infâmes.
C’est la préface à un livre rêvé dans laquelle Foucault fait le projet de présenter une “ anthologie d’existences “, une collection d’archives qui l’ont ému autant sinon plus que des œuvres littéraires. Des vies de gens ordinaires qui se sont un jour heurtés au pouvoir et dont tout ce qui nous reste réside dans ces quelques mots, ces archives. Il veut en faire un “ herbier “ de vies singulières.

Ce que souligne Foucault, c’est le pouvoir des mots. Quel pouvoir réel ont les mots sur les vies quand il s’agit, pour le petit savetier du 18ème siècle aux prises avec des problèmes de couple, de convaincre le Roi de faire enfermer sa propre femme, par l’intermédiaire d’une lettre de cachet par exemple ? Mais aussi quel pouvoir poétique détiennent ces bribes du passé qui parviennent jusqu‘à nous ?

 

Pourquoi un collectif ?

Quand les gens suivent Foucault, quand ils sont passionnés par lui, c’est parce qu’ils ont quelque chose à faire avec lui, dans leur propre travail, dans leur existence autonome. Ce n’est pas seulement une question de compréhension ou d’accord intellectuel, mais d’intensité, de résonance d’accord musical. Gillles Deleuze, Pourparlers

C’est au fil du travail que notre organisation collective s’est révélée. Ce sont des choix artistiques qui nous ont mené au collectif
et parmi ceux-ci :
- le plaisir de partager la responsabilité de la création.
- l’envie de mêler ses idées à celles des autres : dans le collectif, tout circule, nous rebondissons sur les propositions des unes pour se les approprier et les transformer. Pour finir, elles sont passées par tant de mains qu’elles appartiennent à tout le monde.

Nous ne voulons pas dire qu’il n’y a pas de raison ni de résonance politique à se constituer en collectif. Ces raisons existent et elles ont sans doute participé à notre engagement individuel dans le collectif. Cette forme de travail est en soi un geste politique.

Si ce collectif s’est constitué, c’est aussi et surtout que nous partageons des interrogations communes qui ont trouvé un écho dans la pensée de Michel Foucault. Ces textes que nous ne connaissions pas, ressurgis des années 70, nous ont frappés par leur résonance avec notre actualité, par leur capacité à questionner le réel. A trente ans d’écart ces textes parlaient de nous. Nous avons eu l’impression qu’ils nous étaient adressés : la pensée de Foucault fonctionne comme une boîte à outil, chacun peut s’en saisir, la prolonger et en faire usage dans son domaine.

Il se trouve que certaines formes d’engagement auxquelles a participé Michel Foucault coïncident  étonnamment avec le fonctionnement de notre collectif. Il y a vraisemblablement une porosité entre notre matériau et l’acte de création qu’il génère.

Foucault cherche à faire apparaître ce qui est si proche, si immédiat, si intimement lié à nous-mêmes qu’à cause de cela nous ne le percevons pas. Il démonte une connaissance, cherche à comprendre comment se construit un point de vue. Il nous donne les clés pour interroger nos propres manières de voir. Réveiller le regard, c’est bien redonner à chacun la part active qu’il peut prendre au monde. Cette question du regard traverse aussi la représentation dans le lien sensible qui se tisse entre acteurs et spectateurs. C’est à ce point précis de la pensée de Foucault que nous nous sommes attachées. Notre désir a été de hisser ces textes et plus généralement cette pensée dans le champ du théâtre.

Le collectif F71

 

(source : le site du Théâtre des Quartiers d’Ivry)