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Événement le 18/05/2013 : Rencontre autour des représentations de la Commune de Paris

Contre-cultures à Berlin de 1960 à nos jours : Pratiques alternatives dans les arts

le par theatres-politiques

Résumé

Colloque du Centre de Recherche et d’Études Germaniques Avec le soutien du Conseil scientifique (CPRS), de l’IRPALL, de l’UFR Langues, Lettres et Civilisations Étrangères, du Département de Langues étrangères et de la Section d’allemand de l’Université de Toulouse 2-Le Mirail, de la Ville de Toulouse, du Conseil Régional, du Goethe-Institut de Toulouse, Leben in Midi-Pyrénées et de l’AFAEA.

Symbole de la division de l’Allemagne puis laboratoire de la réunification dans les années 1990, désormais ville ouverte sur le monde (Weltstadt), la capitale allemande ne cesse de fasciner les milieux artistiques, avec son paysage marqué par les fractures historiques et sa pratique proprement berlinoise depuis la seconde moitié du XIXe siècle d’une « culture de la contre-culture » adossée à de forts mouvements de contestation et des esthétiques en rupture, urbaines, riches et protéiformes. Réunissant des spécialistes de l’Allemagne et des sciences théâtrales, universitaires, dramaturges et traducteurs, français et étrangers, le présent colloque propose d’explorer les stratégies d’affirmation, les dynamiques spatiales et les temporalités des contre-cultures de part et d’autre du Mur, avant et après sa chute.

 

Dès les années 1960, l’enclave de Berlin-Ouest est non seulement un lieu propice à la créativité, favorisant l’émergence de mouvements d’avant-gardes, de scènes alternatives et de cultures underground – entre contre-culture et subculture – mais aussi un espace privilégié d’expression pour un théâtre et un cinéma politiques protestataires nourris des textes et des actions de l’Opposition extra-parlementaire (APO): les happenings étudiants et le théâtre de rue génèrent une contre-culture théâtrale ex-territorialisée renouant avec la performativité d’une certaine agitprop weimarienne, tandis qu’avec la Schaubühne de Peter Stein, l’institution s’ouvre à des groupes sociaux habituellement absents des enceintes du théâtre dominant, pour retrouver certaines conceptions radicales des collectifs socialistes voire révolutionnaires des années 1930. À ce même tournant des années 1960-1970, le cinéma engagé de Berlin-Ouest s’inspire de théories et de pratiques politiques et esthétiques souvent issues du brechtisme pour promouvoir un nouveau cinéma réaliste sur la vie et les luttes des ouvriers et des chômeurs, allemands ou immigrés. Dans un registre différent, entre intervention esthétique et politique, des plasticiens sporadiquement berlinois comme Wolf Vostell entament dans leurs installations et « environments » un travail critique sur la société de consommation et ses emblèmes en s’attaquant directement à la perception quotidienne de l’environnement urbain.
À Berlin-Est, dans un système politico-économique non soumis à la « culture de masse » capitaliste mais inféodé aux appareils idéologiques d’État du « socialisme réellement existant », c’est d’abord autour de personnages emblématiques d’une certaine résistance interne au socialisme que naissent et se structurent les formes multiples de la dissidence culturelle : Wolf Biermann en est la figure la plus visible et la plus ouvertement politique, mais un Heiner Müller (très médiatisé à l’Ouest), un Frank Castorf ou un Benno Besson œuvrent aussi à battre en brèche l’esthétique de la culture théâtrale dominante autant que le système qui la porte. Par ailleurs, les circulations entre Est et Ouest dessinent une géographie culturelle caractérisée par de nombreux tournants et transferts non seulement culturels mais aussi contre-culturels et parfois aussi par le passage du contre-culturel à la culture institutionnalisée comme le manifesteront certains repositionnements après la réunification. Le théâtre façon Castorf mais aussi d’autres formes de travail théâtral, plus ancrées dans l’après-tournant de la réunification comme chez Thomas Ostermeier, René Pollesch ou le trop tôt disparu Christoph Schlingensief, sont le signe le plus visible de nouvelles pratiques contre-culturelles qui à la fois prolongent et relisent celles des décennies post-68.
Les questionnements et re-questionnements sont nombreux et se focaliseront sur des problématiques en mouvement : entre culture et contre-cultures, quel est le positionnement du secteur socioculturel dans le Berlin de l’après-unification ? Vue à travers le prisme des arts, la réunification dont le nom à lui seul programme l’exact contraire, peut-elle relever d’un type d’événement-fracture comparable au mouvement contestataire de 1968 ? La contre-culture est-elle obligée, pour être reconnue comme telle et échapper à la récupération par la culture dominante, d’être dans le renouvellement ou le clivage permanents ? Si le concept de « renversement » paraît en général opératoire pour décrire la contre-culture, comment expliquer, le Mur une fois tombé, le paradoxe de la contre-culture RDA qui semble camper sur son héritage patrimonial, forme d’« ostalgie » peut-être mais surtout, à l’exemple de Castorf, un contre-mouvement à la logique d’effacement des traces de l’existence d’un État et de sa culture que certains (Günther Grass, Christa Wolf) ont pu dire « annexés » ? À une époque où les affrontements sociaux et politiques frontaux, dont les contre-cultures tiraient traditionnellement leur substance, semblent s’effacer ou changer de figurations, le concept d’« infrapolitique » de l’anthropologue James C. Scott, extérieur au mode antagoniste des rapports entre culture dominante et contre-culture, est-il pertinent pour qualifier les formes contre-culturelles des années 1990-2000 (Grips-Theater, Rimini-Protokoll)? Quelles écritures et quelles architectures développent les pratiques artistiques contre-culturelles entre espace public et espaces expérimentaux, dans les souterrains de l’espace culturel et social ?

Contacts : Hilda Inderwildi / Catherine Mazellier
hilda.inderwildi@live.fr, catherine.mazellier@orange.fr

 

PROGRAMME

Mercredi 1er février : conférence inaugurale, salle du Sénéchal, 18h30
Pierre Cleitman (Bâle) : Confessions d’un enfant du demi-siècle, conférence extravagante inédite
Réservation obligatoire : cprs@univ-tlse2.fr, 05 61 50 47 86 

 

Jeudi 2 février : UTM, Maison de la Recherche, D 29
Les contre-cultures face aux institutions à Berlin de 1960 à nos jours

9h Accueil des participants : Marie-Christine Jaillet (Vice-Présidente du Conseil Scientifique, Toulouse)
Présidente de séance : Françoise Knopper (Toulouse)

9h30 Boris Grésillon (Aix-en-Provence) : Géographie contre-culturelle de Berlin dans les années 1990

10h Marielle Silhouette (Paris) : Politiques culturelles et espaces de la contre-culture à Berlin autour de 1968

10h30 Discussion et pause
Présidente de séance : Brigitte Marschall (Vienne/Wien)

11h10 Jürgen Hofmann (Berlin) : Preussisch, protestantisch, plebejisch. Berlins Entwicklung zu einer Metropole kritischer Gegenkultur / Prussienne, protestante, plébéienne. La transformation de Berlin en une métropole de la contre-culture critique

12h10 Discussion

Une contre-culture de l’intervention socio-politique : cinéma, cabaret et chansonniers
Président de séance : Maurice Taszman (Berlin)

14h André Combes (Toulouse) : Une nouvelle cinématographie de la contre-culture ouvrière : le Berliner Arbeiterfilm des années 1970

14h30 Jérémy Hamers (Liège/Lüttich) : « …dass wir ihn nicht mehr sehen würden. »: absence et représentation d’un combattant armé (Farocki, Conradt, Sami)

15h Discussion et pause
Présidente de séance : Charlotte Bomy (Montpellier)

15h40 Philippe Marty (Montpellier) : « Wolf Biermann contre »

16h10 Andreas Häcker (Strasbourg) : La contestation et la transformation à l’affiche : le « cabaret des luttes » Die 3 Tornados

16h40 Discussion

 

Vendredi 3 février : UTM, Maison de la Recherche, D 29
Provocations entre division et réunification
Président de séance : André Combes (Toulouse)

9h30 Sylvie Arlaud (Lyon) : Frank Castorf : de Kean à Hamletmaschine, ou de la difficulté postmoderne de dissocier culture et contre-culture

10h Catherine Mazellier (Toulouse) : Peter Stein à la Schaubühne, un engagement contre-culturel ?

10h30 Discussion et pause
Président de séance : Friedemann Kreuder (Mayence/Mainz)

11h10 Valentina di Rosa (Naples/Napoli) : Ästhetik der Provokation. Heiner Müllers (Selbst)inszenierungen um 1989 / Une esthétique de la provocation. Les (auto)mises en scènes de Heiner Müller autour 1989

11h40 Brigitte Marschall (Vienne/Wien) : Berlin-Fieber – explosiv! Wolf Vostells Widerstand gegen Krieg und Gewalt / Wolf Vostell : résister à la guerre et à la violence

12h10 Discussion

Le Sonderweg berlinois entre « in » et « off »
Présidente de séance : Catherine Mazellier (Toulouse)

14h Florence Baillet (Paris) : Ce que devient le geste critique : l’exemple du théâtre berlinois du Grips

14h30 Emmanuel Béhague (Strasbourg) : Éducation politique et subversion de l’espace public chez Christoph Schlingensief

15h Discussion et pause

15h40 Happening par la Cie de La Vieille Dame (Toulouse) et Maurice Taszman (Berlin), présentation : Hilda Inderwildi (Toulouse)

20h Spectacle Othello au TNT

 

Samedi 4 février : UTM, Maison de la Recherche, D 29
Nouvelles formes berlinoises de contre-culture théâtrale
Présidente de séance : Marielle Silhouette (Paris)

9h30 Emilie Chehilita (Paris) : Les créations de René Pollesch à la Volksbühne

10h Sarah Maisonneuve (Bordeaux) : L’utilisation infrapolitique du documentaire dans le théâtre de Rimini Protokoll

10h30 Elisa Goudin-Steinmann (Paris) : Entre culture et contre-culture ? Le positionnement du secteur socioculturel dans le Berlin de l’après-unification

11 h Discussion et pause

Président de séance : Andreas Häcker (Strasbourg)
11h30 Manuel Durand-Barthez (Paris), James Lyons (Francfort/Main) : Ortrud Beginnen, figure d’un théâtre contre-culturel, Hurrah Germania ! – Die gnadenlose Komik von Ortrud Beginnen

12h15 Synthèse et clôture du colloque

Théâtre National de Toulouse, grande salle, 14h30
Rencontre avec Thomas Ostermeier (Schaubühne Berlin), animée par Jitka Pelechová (Paris)

- Salle du Sénéchal, 17 rue de Rémusat, métro : Jean Jaurès (lignes A et B), Capitole (ligne A)
- Maison de la Recherche, Université de Toulouse-Le Mirail, 5 allées Antonio Machado, métro Université (ligne A, direction Basso Cambo)
- Brasserie des Arcades, 14 place du Capitole
- TNT (Théâtre national de Toulouse), 1 rue Pierre Baudis

Coordination scientifique
Hilda Inderwildi / Catherine Mazellier
(CREG, Université de Toulouse 2-Le Mirail)
André Combes (CREG, Université de Toulouse 2-Le Mirail)
Charlotte Bomy (CREG, Université Paul Valéry – Montpellier 3)
Le CREG
Centre de Recherche et d’Études Germaniques
http://creg.univ-tlse2.fr
Réservation obligatoire, contact : cprs@univ-tlse2.fr