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Événement le 18/05/2013 : Rencontre autour des représentations de la Commune de Paris

Antigone

le par theatres-politiques

Résumé

texte de Sophocle mise en scène d'Adel Hakim

AVEC LES ACTEURS DU THEATRE NATIONAL PALESTINIEN
spectacle en arabe – surtitré en français

La Terre et le mur
Pourquoi une Antigone palestinienne ?
Parce que la pièce parle de la relation entre l’être humain et la terre, de l’amour que tout individu porte à sa terre natale, de l’attachement à la terre.
Parce que Créon, aveuglé par ses peurs et son obstination, interdit qu’un mort soit enterré dans le sol qui l’a vu naître. Et parce qu’il condamne Antigone à être emmurée.
Parce qu’enfin, après les prophéties de Tirésias et la mort de son propre fils, Créon comprend son erreur et se résout à réparer l’injustice commise.

Il y a dans la pièce de Sophocle la mise en place d’un processus inexorable constitutif, dans sa simplicité, du principe même de tragédie. Racine disait que ce n’était qu’avec Bérénice (Bérénice, reine de Palestine) qu’il avait atteint ce niveau d’évidence qui est le propre des grands chefs-d’œuvre de la Tragédie Grecque.

Le cœur de la pièce est l’amour que Hémon, fils de Créon, porte à Antigone. Hémon aime Antigone, mais Antigone aime Polynice son frère, Polynice qui est mort. A partir de là, la machine est lancée, le conflit est déclaré entre morts et vivants.

Le cadavre sans sépulture de Polynice, livré en pâture aux chiens et aux oiseaux de proie, devient à son tour anthropophage. Sous les apparences du rationnel, la dispute politique et religieuse entre Antigone et Créon ouvre inexorablement la porte des Enfers par laquelle vont s’engouffrer les vivants. Et le cauchemar commence. Hadès devient le personnage invisible mais principal avec, à ses côtés, le fantôme d’Œdipe et toute la généalogie des Labdacides. “ Les plus courageux cherchent à s’enfuir quand ils voient Hadès en face “, dit Créon. Un face à face qu’on redoute – comme Ismène – ou qu’on souhaite – comme Antigone.

Au milieu d’une mer d’une infinie tristesse – celle du néant, du ciel sans limite ou du monde souterrain, chacun mesure l’immensité de sa solitude devant l’Incontournable, et l’intensité de son amour pour la vie et pour les vivants.

Malgré une fuite effrénée des âmes vers la folie et l’anéantissement, la pièce de Sophocle est un chant d’amour et d’espoir, une symphonie des sentiments, un météore précieux et brillant incrusté dans le noir du ciel qui semble vouloir repousser l’ombre même de la mort, en attisant notre goût pour la lutte et pour la vie.    

Adel Hakim

 

(source : le site du Théâtre des Quartiers d’Ivry)