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Événement le 18/05/2013 : Rencontre autour des représentations de la Commune de Paris

Hôtel Palestine

le par theatres-politiques

Résumé

texte de Falk Richter mise en scène de Jean-Claude Fall

Nous regardons le monde autour de nous et là où on a besoin de nous, nous aidons, chaque fois que les hommes en détresse nous le demandent. Les Européens peuvent se moquer, mais nous prenons très au sérieux notre rôle de policiers et de pompiers de ce monde, car si nous ne le prenions pas au sérieux, ce monde sombrerait dans le chaos.

Hôtel Palestine, du nom de l’hôtel abritant les journalistes internationaux à Bagdad, se présente comme la transcription d’une conférence de presse entre Américains. Dans cet hôtel d’une zone de crise qui a été transformé de façon improvisée en centre de presse, un groupe de journalistes et de portes-parole du gouvernement américain se livrent à des combats journalistiques tandis qu’à l’extérieur, la situation est de plus en plus instable.

Hôtel Palestine nous parle de l’Amérique. De l’Amérique que l’on aime, un peu. Celle des grands mouvements citoyens pour la paix au Viet-Nam, celle des Hippies et des Yippies, des Beatnicks, de Martin Luther King. Celle qui porte au pouvoir Barack Obama. De l’Amérique que l’on déteste, aussi et surtout. Celle du capitalisme financier, des traders, des fonds d’investissements, du néolibéralisme aveugle et triomphant, des Tea-Parties. Hôtel Palestine parle aussi de nous, de ” ceux qui sont là ”. De chacun de nous, ” légions affligées ”, perdus que nous sommes dans un monde devenu fou.

Hôtel Palestine est un pamphlet. Un pamphlet original en ce qu’il n’est pas manichéen. Un pamphlet qui, sans moquerie (mais non sans humour), donne à entendre le discours soutenu par cette Amérique-là, discours puéril, pire, infantile, simplificateur, pire, simpliste, d’un cynisme sans limite, absolu et naïf car visible et prévisible. Et pourtant nous y baignons, inertes, hébétés, abêtis, anesthésiés : “ Nous nous trouvons plongés dans une époque caractérisée par un violent retour en arrière vers des formes de luttes géopolitiques et idéologiques qui rappellent tantôt la conquête de l’Afrique, tantôt les guerres de religion. Mais ce brutal retour du passé est accompagné par le déploiement tout aussi monstrueux d’un dispositif moderne, voire hypermoderne, de production des apparences dans lequel nous sommes pris au piège ” (Retort, Des Images et des Bombes) .

Hôtel Palestine nous appelle à reprendre pied, à retrouver une conscience historique, à refuser cet “ éternel présent ” dans lequel le pouvoir prétend nous enfermer.

Jean-Claude Fall

(source : site du Théâtre des Quartiers d’Ivry)