L’Homme inutile ou la conspiration des sentiments
le par theatres-politiques
Résumé
texte de Iouri Olecha traduction du russe de Marianne Gourg mise en scène de Bernard Sobel
« Pourquoi parles-tu de la dernière révolution ?
Il n’y a pas de dernière révolution, le nombre des révolutions est infini. La dernière, c’est pour les enfants : l’infini les effraie et il faut qu’ils dorment tranquilles la nuit. »
(Eugène Zamiatine, Nous autres)
Dans cette farce burlesque et fantastique de 1928, Abel et Caïn s’affrontent au pays des soviets : Andreï Babitchev, l’homme nouveau, inventeur de la cantine universelle et libérateur des ménagères soviétiques, s’oppose à son frère Ivan, chantre de l’individualisme et chef d’un complot pour une ultime manifestation des anciennes passions : une conspiration des sentiments contre l’avènement de l’homme-masse, contre le triomphe de l’utile et du rationnel. Entre les frères ennemis, Kavalerov, “l’homme inutile” – et figure de l’auteur –, hésite entre sa volonté de croire en la perfectibilité du monde, de l’homme, et la conscience aiguë de son incapacité à faire table rase du passé, à éradiquer en lui le “vieil homme”. Après Le Mendiant ou la Mort de Zand (La Colline, 2007), Bernard Sobel revient à l’oeuvre d’Olecha pour jeter, par-delà l’effondrement du bloc communiste, un autre regard sur aujourd’hui. Le socialisme a échoué, le marché triomphe. Ironie de l’histoire, Mac Donald accomplit le rêve d’Andreï, et SFR, dont le slogan promet à ses clients des “jours absolument moi”, ceux d’Ivan…
(source : site du Théâtre national de la Colline)