Théâtre et politique
le par theatres-politiques
Résumé
Depuis la publication du Dictionnaire du théâtre en Suisse par les éditions Chronos, l’histoire du théâtre de ce pays a connu un fort développement. Cependant, les enquêtes transversales sur les politiques en matière de théâtre ainsi que sur le rôle du théâtre comme catalyseur de certaines transformations sociales et politiques restent rares. Prolongeant la réflexion [...]
Depuis la publication du Dictionnaire du théâtre en Suisse par les éditions Chronos, l’histoire du théâtre de ce pays a connu un fort développement. Cependant, les enquêtes transversales sur les politiques en matière de théâtre ainsi que sur le rôle du théâtre comme catalyseur de certaines transformations sociales et politiques restent rares. Prolongeant la réflexion menée par Gérard Noiriel dans un livre récent, «Histoire Théâtre Politique» (Editions Agone, 2009), sur la fonction du théâtre dans les sociétés contemporaines, ce colloque se propose de mêler étroitement études historiques et témoignages qui rendent compte d’expériences récentes nées dans le cadre d’un important conflit social, en mobilisant plusieurs formes d’interventions : communications, table ronde et conférencespectacle. En effet, la première journée de colloque se terminera par la conférence-spectacle «Chocolat» (texte de l’historien Gérard Noiriel mis en scène par Jean-Yves Pénafiel). Loin d’être un simple divertissement au terme d’une journée de travail, cette pièce sera l’un des points forts de la démarche globale du colloque. Créée en 2009 à la Cité Nationale de l’Histoire de l’Immigration, elle renoue avec les principes fondateurs du théâtre engagé. Sous la forme de théâtre-performance, l’historien rencontre Chocolat qui, pour fuir l’esclavage, est devenu le premier Auguste noir du cirque français et qui se produit en duo avec un clown blanc. L’histoire se confronte ainsi à la mémoire restituée, la réalité à la fiction, dans une démarche citoyenne qui conjugue connaissance et poésie. Cette pièce originale s’inscrit pleinement dans la préoccupation des organisateurs du colloque. Le colloque est prévu sur les deux sites universitaires de Lausanne et de Fribourg, matérialisant une nouvelle fois la collaboration étroite que le GRHIC a ménagée entre plusieurs professeurs de ces deux Hautes Ecoles. Il a été préparé en amont par plusieurs enseignements, tant sous forme de séminaire que sous forme de cours-séminaire, ce qui permet aussi d’intégrer à la manifestation un certain nombre de jeunes chercheur-euse-s qui trouvent là un prolongement à leur travail académique et une occasion de le présenter à un public plus large. Le colloque mobilise des chercheurs romands, alémaniques, tessinois mais également français, dans une perspective comparatiste. Il intègre aussi des professionnels du spectacle par le biais d’un partenariat qui associe à la manifestation la Haute Ecole de théâtre de Suisse romande.
Jeudi 5 mai 2011, Université de Lausanne/Grange de Dorigny
9h30 Introduction par les organisateurs Alain Clavien (Université de Fribourg), Claude Hauser (Université de Fribourg) et François Vallotton (Université de Lausanne).
Thème : Le théâtre des années 1960 et 1970
10h00 Emmanuelle Loyer (Sciences politiques, Paris)
"Le Festival d’Avignon comme lieu d’invention/réinvention d’une politique démocratique".
PAUSE 10h30 – 11h00
11h00 Antoine de Baecque (Université de Versailles)
"D’un Odéon révolutionnaire à l’autre…".
11h30 Tiphaine Robert (Université de Fribourg)
Chloé Traube (Université de Fribourg)
"Les débuts du «Théâtre Mobile» à Genève (1969-1972)".
14h00 Table ronde : le théâtre militant aujourd’hui
Modération :
Anne-Catherine Sutermeister, responsable de l’unité R&D à La Manufacture et Vincent Brayer, assistant de recherche, présentent :
"La notion de politique aujourd’hui : quelques metteurs en scène romandes répondent." Entretiens réalisés par les élèves de La Manufacture – Haute école de théâtre de Suisse romande, Lausanne.
Intervenant-e-s :
Gérard Noiriel (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales, Paris)
A propos de son livre (2009) "Histoire Théâtre Politique".
Anita Testa-Mader (Centro documentazione e ricerca OSC, Mendrisio)
Angelica Lepori (Scuola Universitaria professionale della Svizzera italiana, Lugano)
A propos d’une expérience de théâtre militant à l’occasion du conflit des Ateliers CFF de
Bellinzona.
Jorge Gajardo Muñoz (Université de Fribourg)
A propos d’AIDA – Action de la Suisse romande de l’association internationale de défense des artistes victimes de la répression dans le monde (1980-1982) "Nous le ferons avec nos moyens".
19h00 : Conférence-spectacle "Chocolat"
Texte de Gérard Noiriel, mise en scène par Jean-Yves Pénafiel, à la Grange de Dorigny, dans le cadre du Festival Fécule avec le soutien de La Manufacture à Lausanne.Le duo de clowns Chocolat (le clown noir) et Foottit (l’auguste blanc), a connu un grand succès au tournant du XXe siècle, célébré par Jean Cocteau, peint par Toulouse-Lautrec ou filmé par les Frères Lumières. Le rire des spectateurs venait de l’humiliation que subissait Chocolat, souffre-douleur qui reçoit les claques, dans une mise en scène de «la domination raciale», au moment où la République triomphe dans l’aventure coloniale. Tombé dans l’oubli, Chocolat revit aujourd’hui grâce à Gérard Noiriel et Jean-Yves Panéfiel qui le font dialoguer, sur scène, avec un historien – Gérard Noiriel luimême… La formule originale de la mise en scène sort le discours du chercheur du cadre habituel des laboratoires et des conférences. Le spectacle met en scène des textes tirés de la presse ou des débats parlementaires, des chansons ou des poèmes, ou encore des archives sonores et visuelles pour aborder les thèmes du racisme, de la discrimination et de l’immigration, de manière à réveiller l’émotion du spectateur. Pour l’historien Gérard Noiriel « pour être efficace, il faut parvenir à susciter le doute chez le spectateur (…) et cela n’est possible qu’en travaillant avec des artistes ». « C’est une grande et excellente surprise, courez-y ! Dans ce spectacle vous réintroduisez du politique dans le récit (…) C’est une conférence émaillée de saynètes, de bruitages et d’incarnation des archives et on a apprécié la puissance des images, la liberté et le plaisir que vous avez pris (…) à l’écriture de l’histoire de Chocolat ». Emmanuel Laurentin, « La Fabrique de l’histoire », France Culture, émission du 26 mars 2009.
Vendredi 6 mai 2011, Université de Fribourg (Av. de l’Europe 20, Miséricorde, Salle 3014)
Thème : les politiques culturelles
9h30 Jean-Claude Yon (Université de Versailles)
"Le Second Empire a-t-il eu une politique théâtrale ?".
10h00 Olivier Robert (Université de Lausanne)
"Lausanne et les arts du spectacle : naissance d’une politique".
PAUSE 10h30 – 11h00
11h00 Noémie Hayoz (Université de Fribourg)
"La politique culturelle à Fribourg : le cas du théâtre Livio".
11h30 Yvonne Tissot (historienne, comédienne, Opéra mobile, Neuchâtel) et Marie-Jeanne Cernuschi (historienne, enseignante d’expression orale et corporelle au Lycée
Jean-Piaget, Ecole supérieure Numa-Droz)
"L’ABC et le centre culturel neuchâtelois : histoires parallèles".
Thème : Les scènes alternatives
14h00 Alexandre Elsig (Université de Fribourg)
“Variété et propagande : l’Allemagne et les cabarets suisses de la Première Guerre mondiale“
14h30 Frank Gerber (Université de Berne) und Peter Keller
"Das Cabaret Cornichon und die Legende – war die Unterhaltung politisch?"
PAUSE 15h00 – 15h30
15h30 Joël Aguet (dramaturge et historien du théâtre, Lausanne)
"Du cabaret aux grands plateaux, l’exemplaire naissance d’un théâtre politique avec les Faux-Nez de Lausanne".
16h00 Ruth Hungerbühler (Université de Lugano), Simona Travaglianti (Université de Berne)
"Le théâtre en mouvement – l’expérience de l’école Teatro Dimitri en Suisse italienne".
16h30-17h00 CONCLUSION par les organisateurs