V.
le par theatres-politiques
Résumé
de Tony Harrison
poème traduit en alexandrins français par Jacques Darras
mise en scène de Claude Guerre
avec Guillaume Durieux
musique de Jean-Philippe Dary
Tony Harrison écrit V. en 1985. Poème épique et dramatique, cri du cœur pour les gens du nord de l’Angleterre qui se trouvaient au chômage. Il donne à la poésie ce rôle politique, engagé, pour éveiller, réveiller les consciences, donner accès à une langue de la rue, pour la confronter à l’élite anglaise. Le fond du texte décrit aussi la lutte amère dans les mines de charbon, le nord industriel anéanti par le thatchérisme : la violence verbale pour décrire la violence sociale… Un homme découvre la tombe de son père profanée par un hooligan et la lettre V. y est taguée. Tony Harrison imagine la rencontre entre le hooligan et l’homme. S’engage alors un match de mots et de maux… Quand plus rien n’est possible, qu’il n’y a plus d’avenir qu’on vit dans la misère, il reste comme seul espace la haine, on s’en prend alors aux morts, dernier rempart avant l’oubli…
Note d’intention
Le grand poème dramatique de Tony Harrison « V. » date de 1985. Le Royaume-Uni vit au rythme des grèves de mineurs emmenées par Arthur Scargill à qui le poème est dédié.
Dans le cimetière de Leeds, Tony Harrison vient mettre un coup de propre à la tombe de ses parents. Un jeune gars tague les pierres tombales à la bombe. Une de ces têtes brûlées sortie du stade, un crâne rasé, un hooligan.
Avec la tête fêlée s’entame un violent dialogue, une pensée à propos du monde comme il va mal, à propos des immigrés, à propos de soi, à propos de l’autre. Le poète voyageur se confronte au chômeur dans le pays des mines fermées. Le jeune gars a beau jeu de ne pas entendre la langue du poète, ou plutôt de la lui refuser. Dialogue de sourds ? Non. Dialogue d’un père et d’un fils à la charnière historique de l’écrasement de la classe ouvrière. Comme dit Shakespeare, « the world is out of joint ». Le skin brise la piété filiale pompeuse. Le poète ne défend pas son père qui le hante comme un spectre. Comme le hante ce jeune skin, lui-même peut-être avant son renoncement. Le tout dans un printemps aux fleurs d’aubépines.
Le poème écrit dans le pentamètre traditionnel anglais rimé est traduit en alexandrins français par Jacques Darras.
Poème épique.
Poème à dire à voix haute, en musique, à très haute voix.
Claude Guerre