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Événement le 18/05/2013 : Rencontre autour des représentations de la Commune de Paris

Mehmet Ulusoy, un théâtre interculturel

le par theatres-politiques

Résumé

ISBN : 978-2-8251-3955-4Collection Théâtre XXe siècle29 euros

Mehmet Ulusoy, aristocrate caucasien, est venu au théâtre dès le lycée par la pra-tique amateur et la lecture de Nazim Hikmet, qui sortira le théâtre dans la rue et sur les places de village et prendra tous les risques pour faire du théâtre engagé. Au carrefour de plusieurs cultures – la culture populaire turque (karagoz, marionnettes, art du conteur tekerlemé, fêtes) et le théâtre d’art européen (le Piccolo de Strehler et le Berliner Ensemble où il sera assistant ou stagiaire) auquel s’adjoindra plus tard la culture caribéenne de l’île de la Martinique -, Ulusoy occupe une place particulière dans l’histoire du théâtre français du dernier quart du XXe siècle où s’est déroulée une grande partie de sa carrière et dont il est un des étrangers actifs : en 1972, après avoir fui la Turquie, il y fonde une troupe sans lieu fixe où se rassembleront des acteurs et des artistes venus de différents pays voire continents – comme chez Mnouchkine, Serreau et Brook, mais à leurs marges. Pour Ulusoy, quelle que soit son origine, un acteur entrait dans une distribution, non pour jouer un personnage, mais pour faire un spectacle, avec un groupe. Entre Turquie, France et Martinique, il va pratiquer un théâtre libre (« de Liberté », c’est le nom de son théâtre) et nomade, profondément politique et contestataire sans slogan ni didactisme, en s’appuyant sur les pratiques de Brecht et Meyerhold, en se nourrissant de la théorie du grotesque qu’il appelle aussi fantastique – en admirateur de Brueghel qu’il est. Son théâtre est un théâtre de montage, tant dans le travail dramaturgique sur des textes qui au départ ne sont pas du théâtre que sur celui du jeu de l’acteur. Amoureux des mots et du verbe poétique, maîtrisant bien le français, il est adepte d’une écriture de plateau, celle qui s’écrit avec langage non verbal, gestuel, plastique et musical, avec le corps, la voix, le rythme et le jeu avec les objets, souvent pauvres, décalés. Les images scéniques somptueuses sont créées avec des moyens simples et construits, avec des trouvailles de bazar ou de poubelle, ou sont liées au talent de grands plasticiens comme Metin Deniz et Kuzgun Acar, ou de grands scénographes comme Michel Launay, issu comme lui de la pépinière de l’Université du Théâtre des Nations. Elles sont de celles qui s’impriment pour longtemps dans les mémoires. Ave ses collaborateurs, Ulusoy a réussi à mettre en scène la poésie de Nazim Hikmet ou de Césaire, la démesure de Rabelais, la prose d’Hemingway, les grincements de Topor, la noirceur étrange de Gogol et la clarté de Brecht.