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Événement le 18/05/2013 : Rencontre autour des représentations de la Commune de Paris

La trilogie Svetlana Alexievitch

le par theatres-politiques

Résumé

{{ Svetlana Alexievitch}} est un des grands témoins de notre temps, sœur spirituelle d’Anna Politovskaïa, cette autre écrivaine et journaliste russe qui a été assassinée pour avoir trop dérangé par ses écrits et son engagement à la recherche de la vérité. Née en Biélorussie en 1948, diplômée de la faculté de journalisme de Minsk, elle [...]

{{ Svetlana Alexievitch}} est un des grands témoins de notre temps, sœur spirituelle d’Anna Politovskaïa, cette autre écrivaine et journaliste russe qui a été assassinée pour avoir trop dérangé par ses écrits et son engagement à la recherche de la vérité. Née en Biélorussie en 1948, diplômée de la faculté de journalisme de Minsk, elle commence sa carrière dans un journal local. Très vite, elle affûte sa méthode : attentive au son des voix, aux paroles vivantes, elle développe l’interview comme instrument de travail. Ces voix humaines, sensibles, particulières, recueillies au fil des années en Russie, composent aujourd’hui l’un des plus bouleversants témoignages de l’histoire et de la mémoire d’un peuple. Depuis l’ouverture permise par la perestroïka dans les années quatre-vingt, elle mène en effet un inlassable travail de fouilles au cœur des récents traumatismes de l’histoire soviétique, occultés par le régime, voire refoulés, enfouis par les victimes elles-mêmes. Nous n’avons pas d’autre choix, dit-elle. Soit nous ferons preuve de courage et apprendrons toute la vérité sur nous mêmes, soit nous resterons à croupir dans les oubliettes de l’Histoire. Dans Les Cercueils de zinc (1990) elle s’attaque au mythe de la guerre en Afghanistan. Position qui provoque un véritable scandale dans son pays : elle est jugée à Minsk en 1982 pour atteinte portée à la mémoire des soldats soviétiques. Elle prolonge cette quête de vérité en recueillant les témoignages ou les traces de ceux et celles qui n’ont pas voulu survivre, moralement ou physiquement, à l’effondrement du communisme. Ensorcelés par la mort (1995), retrace de manière bouleversante la tragédie des “ enfants du socialisme ”. Par la suite, elle écrit – au risque de sa liberté, de sa sécurité et de sa santé : La Supplication (1998), témoignage sur le monde après Tchernobyl. En 2004, elle écrit La guerre n’a pas un visage de femme et fait revivre ces jeunes filles en vareuses de soldat dont le sacrifice au cours de la Seconde Guerre mondiale (où plus de vingt-et-un millions de russes sont morts) devient source de vie. Considérée comme traître dans son pays et comme agent de la CIA par le président Loukachenko, Svetlana Alexievitch vit depuis de nombreuses années en exil. Elle continue son œuvre et travaille aujourd’hui à un livre sur l’amour. Ses écrits ont donné lieu à de nombreuses adaptations théâtrales. Stéphanie Loïk, avec de jeunes acteurs, pour certains issus du Conservatoire National Supérieur d‘Art Dramatique, donne corps à une jeunesse perdue dans la guerre. La guerre paradoxalement c‘est aussi des chansons d‘amour, de joie, de tristesse, de déchirement que l‘on entendra dans La Guerre n’a pas un visage de femme, chantée choralement et en russe. La trilogie que nous présentons ici – dans le prolongement des lectures russes données à la Médiathèque, et toujours dans le cadre du Théâtre des Quartiers du Monde – est un hommage au travail de Svetlana Alexievitch, à son courage. C’est aussi une plongée, tout à fait théâtrale, au cœur de l’âme et des déchirures du peuple russe. {{ La Guerre n’a pas un visage de femme}} Svetlana Alexievitch réunit des témoignages de femmes engagées volontaires dans l’Armée Rouge en 1941, alors qu’elles avaient entre 16 et 25 ans. Ce sont des femmes âgées qu’elle écoutera plus de quarante ans après. Ces femmes racontent “ leur guerre “ avec une infinie douceur. La guerre qui opposa l’Allemagne nazie à l’Union soviétique débuta le 22 juin 1941, quand l’Allemagne viola la frontière envahissant l’Union soviétique. Elle s’acheva le 8 mai 1945, quand les forces armées allemandes capitulèrent, après la bataille de Berlin. {{ Les Cercueils de zinc}} La première guerre d’Afghanistan de l’histoire contemporaine a opposé, du 27 décembre 1979 au 15 février 1989, l’Armée rouge (armée de l’Union soviétique) aux moudjahiddin (“ guerriers saints ”). L’URSS justifie son intervention par la volonté de préserver le régime en place et de maintenir le calme en Asie centrale. Toutefois, il apparaît aujourd’hui que cette intervention fut également motivée par la présence de pétrole dans cette région, rendu d’autant plus précieux que la révolution en Iran a déclenché le deuxième choc pétrolier. Au total, durant leurs 110 mois de présence militaire, plus de 900 000 soviétiques servirent en Afghanistan : 14 000 furent blessés. Les pertes afghanes (tous bords confondus) sont estimées à 1 242 000 morts, dont 80 % de civils. On estime que 30 % de la population avait quitté le pays ou s’était déplacée à l’intérieur des frontières. Stéphanie Loïk adaptation scénique et mise en scène Stéphanie Loïk assistants à la mise en scène Véra Ermakova et Igor Oberg compagnonnage Daniela Labbé Cabrera création musicale Jacques Labarrière lumières Lauriano de la Rosa costumes Mina Ly régie son Marc Bretonnière avec Christophe Carassou – Larissa Cholomova – Cécile Coustillac Loïc-Emmanuel Deneuvy – Carole Guittat – Nikita Gouzovsky Sara Llorca – Vincent Menjou-Cortes – Estelle Meyer Coproduction : le Théâtre du Labrador, le Théâtre des Quartiers d’Ivry, le Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Avec la participationartistique du Jeune Théâtre National. {{Ensorcelés par la mort}} Un spectacle à trois voix entrelacées Vassili Pétrovitch N. (quatre-vingt-sept ans, membre du parti communiste depuis 1920). Margarita Pogrebitskaïa (cinquante-deux ans, médecin). Anna M. (cinquante-cinq ans, architecte). Dans l’immédiat après Union Soviétique, trois récits tirés d’entretiens menés par Svetlana Alexievitch, avec trois anciens membres du parti communiste d’URSS, chacun ayant tenté de se suicider parce qu’intimement attaché au monde qui s’effondrait. Ces histoires sont aussi les nôtres. Ces gens ne sont pas de lointains étrangers mais, en quelque sorte, nos voisins de paliers ou des membres de notre famille, des cousins peut-être, qu’on ne verrait pas (assez) souvent. Je voudrais que leurs maux soient dits. M’intéresse que la douleur soit dite. Mais telle qu’elle le serait lors d’une conversation se prolongeant tard dans la nuit, sans pathos ni cris mais avec sourires, complicité. Il n’est sûrement pas inutile aujourd’hui de donner à entendre de telles histoires – à contre-courant. Pourtant, plus qu’à l’idéologie, je m’intéresse à ces deux femmes et à ce vieil homme. Ces gens sont innocents, ces gens sont coupables, et le plus souvent bouleversants. Êtres humains qui ont dit – puis à qui l’histoire a dit : “ Disparaissez ! ” Et il faudrait que ce “ disparaissez ! ” (comme tous les “ disparaissez ! ”) réveille notre effroi. Les personnages d’Ensorcelés par la mort ont lutté, croyant que “ tout le monde allait être heureux ”. Il s’agit sans afféterie mais joyeusement de laisser voir, entendre, venir jusqu’au spectateur, la peur et le courage, la détresse et l’enthousiasme, l’héroïsme et la faiblesse, bref l’humanité de ces trois êtres…Le spectacle voudrait être un pas de retour vers nous-même, vers notre histoire, un pas à hauteur d’homme et de femme, à hauteur d’être humain, où l’aveuglement se dirait avec l’espoir et la lâcheté avec la souffrance. Ensorcelés par la mort est un geste de mémoire, un geste de vie. Nicolas Struve traduction Sophie Benech adaptation et mise en scène Nicolas Struve scénographie Damien Caille-Perret lumière Pierre Gaillardot avec Christine Nissim – Stéphanie Schwartzbrod – Bernard Waver Production : Studio-Théâtre de Vitry. Coproduction ARCADI, Compagnie L’oubli des Cerisiers Compagnie Trois Quatre le Théâtre des Quartiers d’Ivry. Avec le soutien du Théâtre des Sources de Fontenay-aux-Roses. (Source : Théâtre des Quartiers d’Ivry )