Cycle de journées d’études 2008-2009 : « Théâtre et monde du travail »
le par theatres-politiques
Résumé
Présentation générale Le questionnement autour de « théâtre et monde du travail » – envisagé dans ses enjeux dramaturgiques, scéniques et institutionnels – a été amorcé par le Groupe Théâtre(s) politique(s) en 2007/2008 sous la forme de deux journées d’études. Celles-ci portaient respectivement sur la représentation dramaturgique et scénique de l’activité laborieuse (« Travailler sur [...]
Présentation générale
Le questionnement autour de « théâtre et monde du travail » – envisagé dans ses enjeux dramaturgiques, scéniques et institutionnels – a été amorcé par le Groupe Théâtre(s) politique(s) en 2007/2008 sous la forme de deux journées d’études. Celles-ci portaient respectivement sur la représentation dramaturgique et scénique de l’activité laborieuse (« Travailler sur la scène » / 14 février 2008) et sur les modes d’organisation interne des équipes artistiques (« Théâtre et travail : expériences et tentatives d’alternatives économiques et politiques » / 4 avril 2008).
Pour l’année 2008/2009, nous organisons trois nouvelles journées, dont l’enjeu consiste à faire des gros plans sur des spectacles, des démarches de création et des axes thématiques porteurs d’un nœud de questionnement plus circonscrit dans le temps et permettant d’articuler plus étroitement la production théâtrale à son dehors, social, économique et politique. Chacune des journées s’organisera en deux temps : interventions de chercheurs, tables rondes avec les équipes artistiques.
Première journée : La Jeune Lune tient la vieille lune toute la nuit dans ses bras – 22 novembre 2008
L’objectif de cette journée est de revenir sur un spectacle particulièrement marquant du Théâtre de l’Aquarium dont nous estimons qu’il cristallise bien des recherches et des questionnements relatifs à la représentation du monde ouvrier, au souci de témoigner de ses luttes sans pour autant les singer, d’en faire entendre les paroles sans pour autant l’en déposséder. L’accent sera mis sur les modalités de la rencontre entre la troupe et les ouvriers et sur ses répercussions, dramaturgiques et scéniques, quant aux choix de représentation/recréation de l’usine, du travail et des travailleurs. La journée se construira autour d’extraits vidéo du spectacle (captation de Patrice Besnard, Université paris 8), qui permettront d’aviver la mémoire quelque peu mythique que certains ont de ce spectacle et de le faire découvrir à ceux qui ne le connaissent pas.
Deuxième journée : L’Usine en pièces : du travail ouvrier au travail théâtral – 7 mai 2009
En lien avec la précédente, cette deuxième journée portera sur des expériences théâtrales qui ont pour point de départ la fermeture d’une usine (délocalisations, faillites…) et ont en commun la volonté des artistes de se poser, non en porte-parole, mais en passeurs, collecteurs et donneurs de paroles. Faisant collaborer des approches dramaturgiques, scéniques et sociologiques, les différentes interventions porteront donc en premier lieu sur les modes et les degrés d’interaction entre les équipes artistiques et les ouvriers sollicités pour participer au projet (ces derniers pouvant avoir divers statuts, allant de celui de témoin à celui de créateur des textes, d’interprète, voire de metteur en scène). Elles porteront corollairement sur les modes de représentation du monde, des gestes et des mots ouvriers sur la scène, ainsi que sur l’impact et les enjeux de ce travail théâtral dans la reconstruction de l’identité et de la mémoire collective des ouvriers.
Corpus :
Daewoo (François Bon/Charles Tordjman)
Politique qualité (Théâtre du Grain/Lionel Jaffrès et Alain Maillard)
501 Blues et Après coups (conversations)(2) (Les Mains bleues/Bruno Lajara)
La Femme jetable (Ricardo Montserrat/Colette Colas)
Ils nous ont enlevé le h (Théâtre de la Tentative/Benoît Lambert)…
Troisième journée : La Scène du néo-management – septembre 2009
Cette journée portera sur les défis esthétiques et critiques soulevés par ce que Luc Boltanski et Eve Chiapello appellent « le nouvel esprit du capitalisme », s’agissant de la représentation des modes spécifiques d’organisation du travail et d’exploitation qui lui sont liés, mais aussi de la transformation de son image et de sa langue. Le texte et la scène semblent en effet réagir à cette nouvelle donne en dénonçant ses conséquences néfastes sur l’individu et le corps social, tout en réinvestissant son inventivité et sa force créative, ce qui ne va pas sans générer quelques ambiguïtés que les différentes interventions auront à cœur de traiter. Il semble d’ailleurs que l’ambiguïté constitue le maître mot de cette nouvelle ère du travail et, partant, de ses représentations théâtrales, au regard des schèmes classiques de la critique sociale. Ainsi des « cadres » apparus depuis peu sur les scènes et souvent figurés comme des personnages ambivalents, aujourd’hui victimes possibles d’un système capitaliste dont ils ont été par le passé les supports, voire les suppôts. Entres autres phénomènes symptomatiques, on notera également l’apparition théâtrale du télémarketing, attestant de l’élargissement au tertiaire des figures de l’exploitation, et celle de la « novlangue néolibérale » (selon l’expression d’Alain Bihr), dénoncée comme une arme redoutable du capitalisme, mais aussi retournée contre elle-même et combattue par sa transfiguration en objet poétique, beau parce qu’inutile.
Corpus :
Par-dessus bord (Michel Vinaver/Christian Schiaretti)
Sous la glace (Falk Richter/Anne Monfort)
Flexible, hop, hop (Emmanuel Darley/Patrick Sueur et Paule Groleau)
Top Dogs (Urs Widmer/collectif Sentimental Bourreau)
Push Up (Roland Schimmelpfennig/collectif DRAO)
United problems of coût de la main-d’œuvre (Jean-Charles Massera/Brigitte Mounier)
Formation (Nicolas Richard)
Un Inconvénient mineur sur l’échelle totale des valeurs (Allio/Weber)…
Équipe organisatrice / contacts
Bérénice HAMIDI-KIM
Armelle TALBOT